Le test d’effort est un examen de dépistage non seulement recommandable mais capital pour tout cyclotouriste, surtout à effectuer, quel que soit l’âge, si on souhaite reprendre le sport après une certaine période d’inactivité. Quoi qu’il en soit, il est à faire dès 45 ans
chez les hommes et 55 ans chez les femmes, et à reconduire par la suite selon l’avis du spécialiste, en fonction de ses facteurs de risque cardiovasculaire mais aussi de préférence et systématiquement tous les cinq ans en cas de normalité. Bien entendu un cycliste, coronarien connu, nécessitera une surveillance plus attentive et plus rapprochée. Cet examen est surtout à faire rapidement, en cas d’apparition de douleurs thoraciques à l’effort, d’essoufflements inhabituels, de palpitations ou de malaises. Ce test standard réalisé par un spécialiste pourra déceler une atteinte éventuelle des artères coronaires ou un trouble  du rythme n’apparaissant souvent qu’à l’effort physique et indétectable parfois  sur l’électrocardiogramme (ECG) de repos. Sa réalisation ne peut se faire qu’à l’hôpital, en clinique ou en centre médico-sportif, sous surveillance du cardiologue, assisté d’une infirmière et à proximité d’un service de réanimation. Un plateau technique particulier est nécessaire à son exécution.

Son déroulement

Le jour de ce test, il est souhaitable de ne prendre au préalable qu’un repas léger mais de ne pas venir à cet examen à jeun et, bien sûr, de ne pas fumer auparavant. Pensez à prendre un short et des baskets, une serviette et de l’eau (pour après l’effort). Vous signalerez éventuellement tout traitement en cours, car certains médicaments peuvent être à suspendre préalablement. Cet examen est effectué selon le centre, soit sur tapis roulant, soit sur cycloergomètre (un peu plus adapté pour les cyclistes I). Sa durée est en moyenne
de trente minutes. L’appareil enregistre simultanément l’électrocardiogramme, la fréquence cardiaque et la tension. Après installation sur l’appareil, la mise en place des branchements (électrodes et brassard pour la tension artérielle), un tracé de l’électrocardiogramme au repos est enregistré puis le patient débutera son effort, toujours progressivement, selon les  indications du cardiologue, en fonction de son âge, de sa pathologie éventuelle déjà connue ou de ses traitements en cours, L’effort    demandé se fera par paliers successifs d’intensité croissante toutes les trois minutes. Selon le patient, ces paliers pourront être de 30 ou 50 watts, et le plus souvent en « marche d’escalier », avec pour objectif d’atteindre, si possible, la fréquence cardiaque maximale théorique (FMT) : soit 220 moins l’âge. Mais le test pourra aussi parfois être suspendu en deçà, selon les résultats de l’enregistrement, l’effort maximal pouvant atteindre de 100 à 300 watts ou davantage en fonction des capacités du sujet, Après ce pic, le test n’est jamais arrêté brutalement : on rentre alors en phase de récupération tout en poursuivant toujours le pédalage, mais « en roue libre » et à cadence décroissante. Cette phase est très importante, car elle permet de surveiller le ralentissement du rythme cardiaque et la baisse de la tension artérielle. On pourra aussi y déceler des troubles du rythme ou une atteinte coronarienne d’apparition plus tardive.

Les risques

L’examen est normal : il n’a été décelé aucune anomalie coronarienne ou rythmique, ni de la tension artérielle, Le cardiologue vous indiquera si vous avez atteint votre fréquence cardiaque maximum, la puissance maximale développée, votre capacité de récupération (corollaire de votre condition physique), et votre profil tensionnel. Il vous confirmera ainsi la bonne compatibilité de votre fonction cardiaque à la pratique du vélo en toute sécurité, et pourra également vous conseiller la limite supérieure souhaitable de votre fréquence cardiaque d’effort (cette valeur est individuelle mais tient compte bien entendu de tous vos paramètres et ne sera peut-être pas exactement votre seuil aérobie). La pratique du cyclotourisme – et la moyenne d’âge – nécessitent davantage une orientation vers la prévention plutôt que la performance. L’examen est suspect : le cardiologue pourra alors, selon le cas, proposer une coronarographie, un holter ECG ou de la tension artérielle avec enregistrement sur 24 heures.

Pratique en toute sécurité

Il s’agit d’un examen courant, performant, très utile et sans danger, si toutes les conditions sont bien respectées. Rarement, un étourdissement tout à fait bénin, avec baisse de la tension artérielle, peut se produire en période de récupération (malaise vagal). Ce test permettra aussi, si besoin, d’introduire un traitement ou de le corriger selon le cas, notamment si, par exemple, on décèle une hypertension ou un trouble du rythme. Il est largement suffisant pour la majorité des pratiquants
cyclotouristes. Ayons conscience que le cyclotourisme est un sport exigeant pour le cœur. Connaître ses capacités physiques permettra de mieux pratiquer notre activité favorite et en toute sérénité. La recherche de la VO2 max est pratiquée dans un centre médico-sportif ou de physiologie du sport. Elle associe, à l’épreuve d’effort standard, une détermination des échanges gazeux et nécessite le port d’un masque permettant ainsi de connaître le volume maximal d’oxygène consommé lors d’un effort dynamique aérobie maximal. Elle s’exprime en ml/min/kg. Cette valeur est un excellent indicateur de la performance potentielle dans une épreuve d’endurance Elle pourra être contrôlée régulièrement chez un sportif pour apprécier son amélioration par l’entraînement et de connaître parfaitement son seuil aérobie.
Son intérêt réside surtout dans le suivi d’un sportif de haut niveau, La mesure de la VO2 max  n’est donc pas indispensable pour le cyclotourisme, sport de loisir. N’oublions pas qu’afin que ce sport reste une activité bienfaisante, il est souhaitable de faire un contrôle médical régulier, afin de ne pas se mettre en danger, de rouler avec sagesse, en régime d’endurance modérée, et raisonnablement sans efforts excessifs selon son âge.

D’Pierre Jung
Cardiologue
Médecin de la ligue Alsace

CYCLO n” 627 • Septembre 2013