Le certificat médical : Pas encore obligatoire…
Mais vivement conseillé
Il y a lieu de considérer le problème dans ses aspects multiples. Les choses sont bien simples si l’on s’en tient à l’aspect médical. Vaut-il mieux faire une action dans le sens de la santé des cyclos – qui peut se confondre avec leur survie même – ou ne rien faire du tout ? Voyons donc les interrogations que l’on peut avoir concernant le CMNCI.
Pourquoi ?
Notre activité implique un effort physique, c’est ce que nous aimons et qui, si cet effort reste modéré, constitue un facteur éminemment favorable au maintien de notre état de bonne santé et va contribuer à l’améliorer si nous avons subi maladies ou Et pourtant nombre de pathologies peuvent se développer sans que nous nous en rendions compte. Nous pouvons les détecter en étant attentifs raisonnablement, sans pour autant vivre dans l’inquiétude permanente. Laissons-nous aider et guider par le corps médical qui a le rôle central dans la prévention. Les pouvoirs publics nous ont dévolu ce rôle depuis longtemps et ont fortement promu la prévention à travers maintes campagnes et décision juridiques.
Comment ?
Les médecins, et tout spécialement votre médecin traitant, ont pour vocation de remplir cette mission de prévention. Ce ne sont pas que des soignants mais aussi des « préventifs ». C’est à ce titre qu’un médecin vous délivrera votre CMNCI. Il engage sa responsabilité, qui est celle de moyens (il doit vous examiner attentivement et faire réaliser des examens complémentaires conformes aux habitudes et connaissances actuelles) et non pas de résultats (il ne peut tout diagnostiquer et tout prévoir). Il va de soi qu’il ne peut exister de certificat de complaisance, conformément à l’article R. 4127-28 du Code de la santé publique. La formulation peut être est la suivante : « Je soussigné U X certifie que IVI””” Y ou M. Z ne présente pas ce jour de contre-indication clinique évidente à la pratique du cyclotourisme ». Les choses ont été remises à plat par la loi Buffet du 23 mars 1999. Le CMNCI a été rendu obligatoire pour obtention d’une licence ouvrant possibilité de participer à des compétitions. Il est aussi obligatoire pour participer à des compétitions à la journée quel qu’en soit le niveau. Il est donc exigé pour les fédérations cyclistes qui organisent des courses et pour participer, ne serait-ce qu’une fois, à des épreuves dites cyclosportives.
Le cadre juridique
Pour notre fédération qui n’organise pas de compétitions, c’est le Code du sport qui s’applique, en particulier l’article L.231-2-2 dont on peut extraire : « La première délivrance d’une licence sportive est subordonnée à la production d’un certificat médical attestant l’absence de contre-indication à la pratique de l’activité physique ou sportive pour laquelle elle est sollicitée. Un renouvellement régulier de ce certificat peut être exigé par la fédération en fonction de l’âge du sportif et de la discipline ». Le législateur, à travers ce Code du sport, s’est essentiellement attaché à la pratique compétitive, laissant toutefois les fédérations loisirs et même les simples associations décider pour elles-mêmes. La plupart des structures dont l’activité comporte une composante effort physique demandent donc le CMNCI, le plus souvent annuellement. Tel est notamment le cas, depuis son AG d’avril 2010, de la Fédération française de la randonnée pédestre (FFRP). Et aussi de clubs de notre FFCT et parfois d’organisations où la FFCT est impliquée (Paris-Brest-Paris, Paris-Pékin 2008, Pékin-Paris-Londres 2012). Le CMNCI est également de règle pour la Fédération française des Échecs, des Écoles de pêche à la ligne ; comme pour l’obtention du permis de chasse et autres !
Justifications médicales
L’examen médical (voir Cyclotourisme du mois dernier) permet un premier filtre. Il peut conduire le médecin, le plus souvent le médecin traitant, à poser une contre-indication à la pratique du cyclotourisme. Cela est rarissime. Si vous êtes porteur d’une affection réellement invalidante (troubles de l’équilibre, insuffisance cardiaque…), vous accepterez de vous-même d’arrêter de rouler, ce qui ne veut pas dire couper les ponts avec le milieu amical et convivial que nous aimons tant. Pour un temps vous pourrez même demander une autorisation pour usage d’un VAE. En fonction de votre âge et du risque que vous représentez, il vous sera prescrit des examens complémentaires (radios, prises de sang…) et bien souvent une consultation chez le cardiologue.
Nous avons vu cela le mois passé. Le plus souvent le CMNCI pourra vous être délivré sans arrière-pensée. Est-ce une assurance complètement fiable ? Hélas non, car l’examen clinique le plus attentif et les bilans les plus complets ne peuvent tout détecter. En tout cas, ce sera infiniment plus sécurisant que le rien-du-tout. Notre assureur, que l’on peut présumer avisé et prudent, c’est le propre de cette corporation, ne s’y est d’ailleurs pas trompé. La garantie d’assurance Petit Braquet + et Grand Braquet fait, dans le cas de décès d’origine cardiovasculaire, tripler l’indemnisation aux ayants droit si il y a le CMNCI (quatre mois avant ou un mois après délivrance de la licence) et même multiplier par six si test d’effort (moins de deux ans avant délivrance de la licence). Les réserves Il y en a incontestablement. Tâchons d’y répondre point par point. » On entend dire que l’on a toujours roulé sans CMNCI et qu’il s’agit d’une démarche démesurée. Or, nous déplorons chaque année une trentaine de décès d’origine cardiovasculaire entraînant une « mort subite » ; ce terme s’appliquant
exclusivement aux décès en cours d’action sportive ou dans l’heure qui suit la cessation de cette activité. Et les informations sur les accidents de ce type n’ayant pas engendré un décès, mais des complications invalidantes, ne sont pas forcément transmises. À notre époque, et alors que les progrès thérapeutiques en prévention ont été considérables, il n’est plus possible decontinuer sur des conceptions passéistes en s’opposant à toute évolution. Il se dit aussi qu’il n’y a qu’à rouler doucement, qu’ainsi « ça n’arrivera pas ». C’est absolument vrai. Rouler à sa mesure, sans jamais être essoufflé, est une excellente garantie pour minimiser le phénomène de rupture de plaque athéromateuse. Mais quel cycio peut dire qu’il respecte toujours cet avisé conseil. Même le très sage et très reconnu Pierre Roques nous le dit : « Qui peut ignorer le naturel penchant du pédaleur, ardent cycliste dans la fleur de l’âge ou vétéran devenu poussif par la force des choses, instinct qui l’incite à rouler plus vite que les autres ou, à défaut, à ne pas être largué par eux » (cf Cyclotourisme n° 602 de mai 2011).
Nombre de pathologies peuvent se developper Sans que nous nous en rendions compte. Laissons nous aider et guider par le corps médical Qui a un rôle central dans la prévention.
L’examen médical qui permet la délivrance du CMNCI ne serait pas sérieux, ne serait qu’une formalité sans efficacité. Cela a pu être vrai à une époque moins attentive aux problèmes de prévention. Cela n’est plus. Il peut néanmoins arriver que le médecin qui vous examine ne soit pas au fait de notre pratique et ne se rende pas compte de l’intensité parfois de nos efforts. Expliquez-lui, dites-lui que le cyclisme est en top position des décès d’origine cardiaque. Oue l’âge est le principal et inévitable multiplicateur de cet état. Vous pouvez,
sur le site fédéral (onglet « Pratiquer », « La sécurité et la santé », colonne de droite « l’examen médical type en PDF »), consulter et imprimer un courrier et une fiche d’examen qui faciliteront grandement votre consultation. Les actes de prévention ne sont pas pris
en charge par la sécurité sociale. Vrai aussi. Néanmoins, votre médecin ne peut pas vous refuser une attestation de paiement. Celle-ci peut vous permettre un remboursement par d’autres organismes de type mutuelles et assurances. Le prix honnête d’une consultation de sportif équivaut à celui d’une chaîne… ou d’un bon (espérons I) repas au restaurant. Si le CMNCI était obligatoire, certains cyclos quitteraient la FFCT Mais d’autres, non fédérés, constatant que nous évoluons bien avec notre temps, pourraient réviser l’image rétrograde qu’ils ont de nous. Le Code du sport qui nous régit sur le plan juridique devrait évoluer À la vitesse administrative, et sans réelle nécessité puisque tel qu’il est il nous permet déjà d’évoluer positivement (art. L. 231-2-2). Jusqu’à présent d’ailleurs, la FFCT n’a pas été consultée alors que nous avons la délégation ministérielle pour la pratique du cyclotourisme. En conclusion, bien peu de licenciés FFCT restent opposés au certificat médical. La chose se fera car qui veut nuire à sa santé ou pire ? En attendant, faites-vous suivre, sans excès, et… demandez votre CMNCI, vous y avez droit. Il vous rassurera et vous aidera à vous livrer sans arrière-pensées négatives à votre belle passion.
Source :
Dr Yves Yau
Médecin du sport
Commission Sport-santé – Groupe Santé
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